français, que la Grèce et Rome sur leurs généraux ? Que dis-je ? si parmi nous les fonctions de l’administration révolutionnaire ne sont plus des devoirs pénibles, mais des objets d’ambition, la République est déjà perdue.
II faut que l’autorité de la Convention nationale soit respectée de toute l’Europe ; c’est pour la dégrader, c’est pour l’annuller que les tyrans épuisent toutes les ressources de leur politique, et prodiguent leurs trésors. Il faut que la Convention prenne la ferme résolution de préférer son propre gouvernement à celui du cabinet de Londres et des cours de l’Europe ; car si elle ne gouverne pas, les tyrans régneront.
Quels avantages n’auroient-ils pas dans cette guerre de ruse et de corruption qu’ils font à la République ! Tous les vices combattent pour eux : la République n’a pour elle que les vertus. Les vertus sont simples, modestes, pauvres, souvent ignorantes, quelquefois grossières ; elles sont l’apanage des malheureux, et le patrimoine du peuple. Les vices sont entourés de tous les trésors, armés de tous les charmes de la volupté et de toutes les amorces de la perfidie ; ils sont escortés de tous les talens dangereux exercés pour (d) le crime. Avec quel art profond les tyrans tournent contre nous, je ne dis pas nos passions et nos foiblesses, mais jusqu’à notre patriotisme ! Avec quelle rapidité pourroient se développer les germes de division qu’ils jettent au milieu de nous, si nous ne nous hâtons pas de les étouffer !
Grâces à cinq années de trahison et de tyrannie, grâces à trop d’imprévoyance et de crédulité, à quelques traits de vigueur trop tôt démentis par un repentir pusillanime, l’Autriche, l’Angleterre, la Russie, la Prusse, l’Italie, ont eu le tems d’établir en France un gouvernement secret, rival du gouvernement français. Elles ont aussi leurs comités, leur trésorerie, leurs agens ; ce gouvernement acquiert la force que nous ôtons au nôtre ; il a l’unité qui nous a long-tems manqué, la politique dont nous croyons trop pouvoir nous passer, l’esprit de suite, et le concert dont nous n’avons pas toujours assez senti la nécessité.
Aussi les cours étrangères ont-elles dès long-tems vomi sur la France tous les scélérats habiles qu’elles tiennent à leur solde. Leurs agens infestent encore nos armées ; la victoire même de Toulon en est la preuve : il a fallu toute la bravoure des soldats, toute la fidélité des généraux, tout l’héroïsme des représentans du peuple, pour triompher de la trahison. Ils délibèrent dans nos administrations, dans nos assemblées sectionnaires ; ils s’introduisent dans nos clubs ; ils ont siégé jusques dans le sanctuaire de la représentation nationale ; ils dirigent et dirigeront éternellement la contre-révolution sur le même plan. Ils rôdent autour de nous ; ils surprennent nos secrets ; ils caressent nos passions ; ils cherchent à nous inspirer jusqu’à nos opinions ; ils