les projets de Cambon. C’est un nouveau stratagème imaginé pour multiplier les ennemis du Comité, dont la perte est le principal but de toutes les conspirations.
La Trésorerie nationale, dirigée par un contre-révolutionnaire hypocrite nommé Lhermina[1] , seconde parfaitement leurs vues par le plan qu’elle a adopté de mettre des entraves à toutes les dépenses urgentes, sous le prétexte d’un attachement scrupuleux aux formes, de ne payer personne excepté les aristocrates, et de vexer les citoyens malaisés pai des refus, par des retards, et souvent par des provocations odieuses. La contre-révolution est dans toutes les parties de l’économie politique. Les conspirateurs nous ont précipités malgré nous dans des mesures violentes, que leurs crimes seuls ont rendu nécessaires, et réduit la République à la plus affreuse disette, et qui[2] l’auraient affamée sans le concours des événements les plus inattendus. Ce système étciit l’ouvrage de l’étranger, qui l’a proposé par l’organe vénal des Chabot, des Lulier[3], des Hébert et tant d’autres scélérats. Il faut tous les efforts du génie pour ramener la République à un régime naturel et doux, qui seul peut entretenir l’abondance, et cet ouvrage n’est pas encore commencé.
On se rappelle tous les crimes prodigués pour réaliser le pacte de famine enfanté par le génie infernal de l’Angleterre. Pour nous arracher à ce fléau, il a fallu deux miracles également inespérés : le premier est la rentrée de notre convoi vendu à l’Angleterre avant son départ de l’Amérique, et sur lequel le cabinet de Londres comptait, et la récolte abondante et prématurée que la nature nous a présentée ; l’autre est la patience sublime du peuple, qui a souffert la faim même pour conserver sa liberté. Il nous reste encore à surmonter le défaut de bras, de voitures, de chevaux, qui est un obstacle à la moisson et à la culture des terres, et toutes les manœuvres tramées l’année dernière par nos ennemis, et qu’ils ne manqueront pas de renouveler. Les contre-révolutionnaires sont accourus ici pour se joindre à leurs complices, et défendre leurs patrons à force d’intrigues et de crimes. Ils comptent sur les contre-révolutionnaires détenus, sur les gens de la Vendée et sur les déserteurs et prisonniers ennemis, qui, selon tous les avis, s’échappent depuis quelque temps en foule pour se rendre à Paris, comme je l’ai déjà dénoncé inutilement plusieurs fois au Comité de salut public ; enfin sur l’aristocratie, qui conspire en secret autour de nous. On excitera dans la Convention nationale de violentes discussions ; les traîtres, cachés jusqu’ici sous des dehors hypocrites, jetteront
- ↑ Lhermina, commissaire de la Trésorerie. Voir F. Bobnabel, Cambon et la Révolution française, Paris 1905.
- ↑ Sorb. : « ils l’auraient affamée… ».
- ↑ Lulier ou Lhuillier, procureur syndic du département de Paris, fut accusé avec Danton. Acquitté par le Tribunal révolutionnaire le 16 germ. II, il resta détenu comme suspect.