qui venait d’enfanter la République. Dès le lendemain du 10 Août, ils calomniaient le conseil de la commune, qui, dans la nuit précédente, venait de se dévouer à la liberté, en même-tems qu’ils entravaient toutes ses opérations parleurs intrigues & par les décrets qu’ils dictaient à l’assemblée législative.[1]
Eux seuls recueillirent les fruits de la victoire du peuple ; ils s’en attribuèrent même tout l’honneur. Leur premier soin, après l’acte conservatoire du prince royal & de la royauté, fut de rappeler au ministère leurs créatures, Servan, Clavière et Rolland[2]. Ils s’appliquèrent sur-tout à s’emparer de l’opinion publique ; ils avaient eu soin de faire remettre entre les mains de Rolland des sommes énormes pour la façonner à leur gré. Auteurs ou payeurs des journaux les plus répandus, ils ne cessèrent de tromper la France & l’Europe sur la révolution qui venait de renverser le trône. Ils dénoncèrent chaque jour le peuple de Paris & tous les citoyens généreux qui y avaient le plus puissamment concouru.[3]
Il fallait détruire ce vaste foyer du républicanisme & des lumières publiques ; ils s’accordèrent tous à peindre cette immortelle cité comme le séjour du crime & le théâtre du carnage, & à travestir en assassins ou en brigands les citoyens & les représentans dont ils redoutaient l’énergie. Ils cherchèrent à armer, contre Paris, la défiance & la jalousie des autres partie de la République ; & cependant les Prussiens se préparaient à envahir notre territoire. (C’était l’époque du mois de septembre 1792.) Les dominateurs étaient membres du comité diplomatique, du comité de défense générale ; ils dirigeaient le ministère ; ils avaient eu d’étroités relations avec la cour, & ils laissaient ignorer à la France entière, au corps législatif même, les dangers qui nous menaçaient. Les ennemis s’étaient rendus maîtres de Longwy, de Verdun ; ils s’avançaient vers Paris, & les dominateurs avaient gardé le silence ; ils ne s’occupaient que d’afficher, que d’écrire contre Paris. Notre armée était faible, divisée, mal approvisionnée ; & si Paris ne s’était levé tout-à-coup ; si, à son exemple, la France ne s’était pas ébranlée, Brunswick pénétrait, sans résistance, jusqu’au cœur de l’Etat. Mais ce n’est pas tout, la faction voulait livrer Paris & la France ; elle voulait fuir avec l’Assemblée législative, avec le trésor public, avec le conseil exécutif, avec le roi prisonnier & sa famille. Les ministres qu’ils avaient nommés, Rolland, Servan, Clavière, Le Brun, parlaient de ce projet au députés ; il fut proposé dans le conseil, & il était adopté, si le ministre de la justice n’en eût empêcher l’exé-