Page:Œuvres complètes de Maximilien de Robespierre, tome 9.djvu/382

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cution, en menaçant ses collègues de les dénoncer au peuple[1], & si Paris ne l’eût fait avorter, en se levant pour écraser les ennemis de la France. Ce projet de fuite est connu des membres de l’Assemblée législative & de plusieurs citoyens ; il a été dénoncé à la Convention nationale, & Rolland lui-même a été forcé de l’avouer dans sa lettre à la Convention nationale du…[2]

La Convention nationale était convoquée.

La majorité était pure ; mais un grand nombre de représentans, trompés d’avance par les papiers imposteurs dont la faction disposait, apportèrent à Paris des préventions sinistres, qui devaient causer bien des maux ; & d’ailleurs ce fut toujours le sort des hommes qui ont des lumières sans probité, ou de la probité sans lumières, d’être les complices ou les jouets de l’intrigue.

Le décret qui déclare la royauté abolie, proposé à la fin de la première séance par un des députés de Paris calomniés[3] fut rendu avec enthousiasme. Si le lendemain on eût agité l’affaire du tyran, il eût été condamné ; & si la Convention, libre de leur dangereuse influence, s’était ensuite occupée du bonheur public, la liberté & la paix seraient maintenant affermies ; mais les intrigans, qui n’avaient pu s’opposer à la proclamation de la République, s’appliquèrent à l’étouffer dans sa naissance ; en possession des comités les plus importans de l’Assemblée législative, qu’ils firent conserver provisoirement, ils composèrent bientôt les nouveaux à leur gré, ils s’emparèrent du bureau, du fauteuil & même de la tribune. Ils tenaient toujours dans leurs mains le ministère, & le sort de la nation. Ils occupèrent sans cesse la Convention nationale de dénonciations contre la municipalité de Paris, contre la majorité des députés de Paris. Ils inventèrent, ils répétèrent cette ridicule fable de la dictature, qu’ils imputaient à un citoyen sans pouvoir comme sans ambition[4], pour faire oublier, & l’affreuse oligarchie qu’ils exerçaient eux-mêmes, & le projet de la tyrannie nouvelle qu’ils voulaient ressusciter. Par là ils cherchaient encore à dégoûter le peuple français

  1. Cf. à ce propos. A. Mathiez, La Révolution française (II, 16) et Discours… 3e partie, p. 426.
  2. Date laissée en blanc. Il s’agit de la lettre écrite par Roland le 30 sept. 1792 et lue le même soir à la Convention. Il y explique sa corduite et déclare qu’il reste au Ministère (Mon., XIV, 88). Il s’agissait de savoir si Rolaind, nommé député de la Somme à la Convention, resterait ministre de l’Intérieur. La veille, Danton, en donnant son avis, avait rappelé « la proposition faite par Roland de quitter Paris) » Duhem, qui avait été témoin du fait, l’avait attenté. Roland l’avait reconnu, mais ne put fournir aucune justification sur son attitude.
  3. Collot d’Herbois.
  4. Accusations contre Robespierre. Séance du 25 sept. 1792.