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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/367

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loué, puis je le louerai le plus dignement que je pourrai. Il est constant que Vénus ne va point sans l’amour : s’il n’y avait qu’une Vénus, il n’y aurait qu’un amour ; mais, puisqu’il y a deux Vénus, il faut nécessairement qu’il y ait aussi deux amours. Qui doute qu’il y ait deux Vénus ? L’une plus âgée, fille du Ciel, et qui n’a point de mère : nous la nommons Vénus céleste ; l’autre, plus jeune, fille de Jupiter et de Dioné : nous l’appelons Vénus populaire. Il s’ensuit que, des deux amours qui sont les ministres de ces deux Vénus, il faut nommer l’un céleste, l’autre populaire. Or, tous les dieux sans doute sont dignes d’être honorés ; mais distinguons bien les fonctions de ces deux amours.

« Toute action en elle-même n’est ni belle ni laide : ce que nous faisons présentement, boire, manger, discourir, rien de tout cela n’est beau en soi, mais peut le devenir par la manière dont on le fait ; beau si on le fait selon les règles de l’honnêteté, et laid si on le fait contre ces règles. Il en est de même d’aimer. Tout amour, en général, n’est ni beau ni louable, mais seulement celui qui est honnête. L’amour de la Vénus populaire est populaire aussi, et n’inspire que des actions basses : c’est l’amour qui règne parmi les gens du commun. Ils aiment sans choix, non moins les femmes que les jeunes gens, plutôt le corps que l’âme ; plus on est déraisonnable, plus ils vous recherchent : car ils n’aspirent qu’à la jouissance ; pourvu qu’ils y parviennent, peu leur importe par quels moyens. De là vient qu’ils s’attachent à tout ce qui se présente, bon ou mauvais : car