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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/368

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leur amour est celui de la Vénus la plus jeune, qui est née du mâle et de la femelle. Mais la Vénus céleste n’étant pas née de la femelle, mais du mâle seul, l’amour qui l’accompagne ne recherche que les jeunes gens. Attaché à une déesse plus âgée, et qui, par conséquent, n’a pas les sens fougueux de la jeunesse, ceux qu’il inspire n’aiment que le sexe masculin, naturellement plus fort et plus intelligent. Voici à quelles marques on pourra reconnaître les véritables serviteurs de cet amour : ils ne s’attachent point à une trop grande jeunesse, mais aux jeunes gens dont l’intelligence commence à se développer, c’est-à-dire dont la barbe paraît déjà. Car leur but n’est pas, selon moi, de mettre à profit l’imprudence d’un trop jeune ami, et de le séduire pour le laisser aussitôt après, et, riant de leur victoire, courir à quelque autre ; mais ils se lient dans le dessein de ne plus se séparer, et de passer toute leur vie avec ce qu’ils aiment. Il serait vraiment à souhaiter qu’il y eût une loi par laquelle il fût défendu d’aimer de trop jeunes gens, afin qu’on ne donnât point son temps à une chose si incertaine ; car qui sait ce que deviendra un jour cette jeunesse, quel pli prendront et le corps et l’esprit, de quel côté ils tourneront, vers le vice ou vers la vertu ? Les gens sages s’imposent eux-mêmes une loi si juste. Mais il faudrait la faire observer rigoureusement par les amants populaires dont nous parlions, et leur défendre ces sortes d’engagements, comme on les empêche, autant qu’il est possible, d’aimer les femmes de condition libre. Ce sont eux qui ont