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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/408

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aiment, on ne les appelle pas amants ; ceux-là seuls qui se livrent à une certaine espèce d’amour reçoivent le nom de tout le genre : à eux seuls s’appliquent les mots aimer, amour, amants. — Tu me parais avoir raison, lui dis-je. — On a dit, reprit-elle, que chercher la moitié de soi-même, c’est aimer. Mais, moi, je prétends qu’aimer n’est chercher ni la moitié ni le tout de soi-même, quand ni cette moitié ni ce tout ne sont bons : et la preuve, mon ami, c’est que nous consentons à nous laisser couper le bras ou la jambe, quoiqu’ils nous appartiennent, si nous jugeons que ces membres sont attaqués par un mal incurable. En effet, ce n’est pas ce qui est à nous que nous aimons ; à moins que nous ne regardions comme nôtre et nous appartenant en propre ce qui est bon, et comme étranger ce qui est mauvais : car les hommes n’aiment que le bon. N’est-ce pas ton sentiment ? — Par Jupiter ! je pense comme toi. — Il suffit donc de dire que les hommes aiment le bon ? — Oui. — Mais, quoi ! ne faut-il pas ajouter qu’ils aiment aussi à posséder le bon ? — Il le faut. — Et non-seulement à le posséder, mais encore à le posséder toujours ? — Il le faut aussi. — En somme donc l’amour consiste à vouloir posséder toujours le bon. — Il n’y a rien de plus vrai, répondis-je. — Si tel est l’amour en général, quel est l’acte particulier où la recherche et la poursuite ardente du bon prennent le nom d’amour ? Quel est-il ? Peux-tu me le dire ? — Non, Diotime ; autrement je ne serais pas en admiration devant ta sagesse et ne serais pas venu auprès de