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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/409

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toi pour apprendre ces vérités ? — Je vais donc te le dire : c’est la production dans la beauté, soit par le corps, soit par l’âme. — Voilà une énigme qui demanderait un devin ; pour moi, je ne la comprends pas. — Je vais parler plus clairement. Tous les hommes, Socrate, sont capables d’engendrer et selon le corps et selon l’âme, et, lorsqu’ils sont parvenus à un certain âge, leur nature demande à produire. Or elle ne peut produire dans la laideur, mais dans la beauté ; l’union de l’homme et de la femme est une production ; et cette production est une œuvre divine, fécondation et génération auxquelles l’être mortel doit son immortalité. Mais ces effets ne sauraient s’accomplir dans ce qui est discordant. Or, la laideur ne peut s’accorder avec rien de ce qui est divin ; la beauté seule le peut. La beauté est donc, pour la génération, semblable au Destin[1] et à Lucine[2]. C’est pourquoi, lorsque l’être fécondant s’approche du beau, plein d’amour et de joie, il se dilate, il engendre, il produit. Au contraire, s’il s’approche du laid, triste et refroidi, il se resserre, se détourne, se contracte et n’engendre pas, mais porte avec douleur son germe fécond. De là, chez l’être fécondant et plein de vigueur pour produire, cette ardente poursuite de la beauté, qui doit le délivrer des douleurs de l’enfantement. Car la beauté, Socrate, n’est pas, comme tu te l’imagines, l’objet de l’amour. — Quel est donc l’objet de l’amour ? — C’est la génération et la production dans la beauté. —

  1. Dieu de la conception.
  2. Déesse de l’enfantement.