Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

de chairs et de couleurs humaines et de toutes les autres vanités périssables, mais la beauté divine elle-même ? Penses-tu que ce serait une destinée misérable que d’avoir les regards fixés sur elle, que de jouir de la contemplation et du commerce d’un pareil objet ? Ne crois-tu pas, au contraire, que cet homme, étant le seul ici-bas qui perçoive le beau par l’organe auquel le beau est perceptible, pourra seul engendrer, non pas des images de vertu, puisqu’il ne s’attache pas à des images, mais des vertus véritables, puisque c’est à la vérité qu’il s’attache ? Or, c’est à celui qui enfante et nourrit la véritable vertu qu’il appartient d’être chéri de Dieu ; et si quelque homme doit être immortel, c’est celui-là surtout.

Tels furent, mon cher Phèdre, et vous tous qui m’écoutez, les discours de Diotime. Ils m’ont persuadé, et je tâche à mon tour de persuader aux autres que, pour atteindre un si grand bien, la nature humaine trouverait difficilement un auxiliaire plus puissant que l’Amour. Aussi dis-je que tout homme doit honorer l’Amour. Quant à moi, j’honore tout ce qui s’y rapporte, j’en fais l’objet d’un culte tout particulier, je le recommande aux autres ; et en ce moment même, je viens de célébrer de mon mieux, comme je le fais sans cesse, la puissance et la force de l’Amour. Et maintenant, Phèdre, vois si ce discours peut être appelé un éloge de l’Amour, sinon donne-lui tel autre nom qu’il te plaira. »

Socrate ayant ainsi parlé, on se répandit en éloges ; mais Aristophane se disposait à faire quelques observations, parce que Socrate, dans son discours,