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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/419

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avait fait allusion à une chose qu’il avait dite, quand soudain on entendit un grand bruit à la porte extérieure que l’on frappait à coups redoublés : on put même distinguer la voix de jeunes gens pris de vin, et d’une joueuse de flûte. — Esclaves, s’écria Agathon, allez voir ce qu’il y a : si c’est quelqu’un de nos amis, faites entrer ; sinon, dites que nous avons cessé de boire, et que nous reposons. Un instant après, nous entendîmes, dans la cour, la voix d’Alcibiade à moitié ivre et criant à plein gosier : — Où est Agathon ? qu’on me mène auprès d’Agathon ! Alors quelques-uns de ses compagnons et la joueuse de flûte le prirent sous le bras et l’amenèrent à la porte de notre salle. Alcibiade s’y arrêta, la tête ornée d’une épaisse couronne de violettes et de lierre, et de nombreuses bandelettes : — Amis, je vous salue, dit-il, voulez-vous admettre à votre table un homme qui a déjà passablement bu ? ou nous en irons-nous après avoir couronné Agathon, car c’est là l’objet de notre visite ? Il m’a été impossible de venir hier, mais me voici maintenant avec mes bandelettes sur la tête pour en ceindre le front du plus sage et du plus beau des hommes, s’il m’est permis de parler ainsi. Riez-vous de moi parce que je suis ivre ? riez tant qu’il vous plaira ; je sais que je dis vrai. Mais voyons, répondez : entrerai-je à cette condition, ou n’entrerai-je point ? Boirez-vous avec moi, oui ou non ? — Alors on s’écria de toutes parts : Qu’il entre, qu’il prenne place ! Agathon lui­même l’appela. Alcibiade s’avança, conduit par ses compagnons ; et tout occupé d’ôter ses bandelettes