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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/423

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tomber sur cet homme-là et me venger de lui devant vous ? — Holà ! jeune homme, interrompit Socrate, quel est ton dessein ? Veux-tu me donner des louanges ironiques ? Explique-toi. — Je dirai la vérité ; vois si tu y consens. — Si j’y consens ? je l’exige même. — Je vais t’obéir, répondit Alcibiade. Mais toi, voici ce que tu as à faire : si je dis quelque chose qui ne soit pas vrai, interromps-moi si tu veux ; et ne crains pas de me démentir, car je ne dirai sciemment aucun mensonge. Si cependant je ne rapporte pas les faits dans un ordre bien exact, n’en sois pas surpris : dans l’état où je suis, il n’est pas trop facile de rendre un compte clair et suivi de tes bizarreries.

« Pour louer Socrate, mes amis, j’aurai recours à des comparaisons : Socrate croira peut-être que je cherche à faire rire, mais ces images auront pour objet la vérité, et non la plaisanterie. Je dis d’abord que Socrate ressemble tout à fait à ces Silènes qu’on voit exposés dans les ateliers des statuaires, et que les artistes représentent avec une flûte ou des pipeaux à la main : si vous séparez les deux pièces dont ces statues se composent, vous trouvez dans l’intérieur l’image de quelque divinité. Je dis ensuite que Socrate ressemble particulièrement au satyre Marsyas. Quant à l’extérieur, Socrate, tu ne disconviendras pas de la ressemblance ; et quant au reste, écoute ce que j’ai à dire : N’es-tu pas un railleur effronté ? Si tu le nies, je produirai des témoins. N’es-tu pas aussi joueur de flûte, et bien plus admirable que Marsyas ? Il charmait les hommes par