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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/424

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la puissance des sons que sa bouche tirait de ses instruments, et c’est ce que fait encore aujourd’hui quiconque exécute les airs de ce satyre ; en effet, ceux que jouait Olympos, je prétends qu’ils sont de Marsyas, son maître. Or, grâce à leur caractère divin, ces airs, que ce soit une artiste habile ou une méchante joueuse de flûte qui les exécute, ont seuls la vertu de nous enlever à nous-mêmes et de faire connaître ceux qui ont besoin des initiations et des dieux. La seule différence qu’il y ait à cet égard entre Marsyas et toi, Socrate, c’est que, sans le secours d’aucun instrument, avec de simples discours, tu fais la même chose. Qu’un autre parle, fût-ce même le plus habile orateur, il ne fait, pour ainsi dire, aucune impression sur nous ; mais que tu parles toi-même, ou qu’un autre répète tes discours, si peu versé qu’il soit dans l’art de la parole, tous les auditeurs, hommes, femmes, adolescents, sont saisis et transportés. Pour moi, mes amis, si je ne craignais de vous paraître tout à fait ivre, je vous attesterais avec serment l’effet extraordinaire que ses discours ont produit et produisent encore sur moi. Quand je l’entends, le cœur me bat avec plus de violence qu’aux corybantes ; ses paroles me font verser des larmes, et je vois un grand nombre d’auditeurs éprouver les mêmes émotions. En entendant Périclès et nos autres grands orateurs, je les ai trouvés éloquents ; mais ils ne m’ont fait éprouver rien de semblable. Mon âme n’était point troublée, elle ne s’indignait point contre elle-même de son esclavage. Mais en écoutant ce Marsyas, la vie que