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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/436

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séparer. Mais il n’y gagnera rien, car je vais à l’instant me remettre à côté de toi. — Fort bien, reprit Socrate, viens ici, à ma droite. — O Jupiter ! s’écria Alcibiade, que n’ai-je pas à souffrir de la part de cet homme ! Il s’imagine avoir le droit de me faire la loi partout. Permets du moins, merveilleux Socrate, qu’Agathon se place entre nous deux. — Impossible, dit Socrate, car tu viens de faire mon éloge ; c’est maintenant à moi de faire celui de mon voisin de droite. Or, si Agathon se met à ma gauche, il ne fera sûrement pas de nouveau mon éloge avant que j’aie fait le sien. Laisse donc venir ce jeune homme, mon cher Alcibiade, et ne lui envie pas les louanges que je suis impatient de lui donner. — Il n’y a pas moyen que je reste ici, Alcibiade, s’écria Agathon ; je veux absolument changer de place, pour être loué par Socrate. — Voilà ce qui arrive toujours, dit Alcibiade. Partout où se trouve Socrate, il n’y a de place que pour lui auprès des beaux jeunes gens. Et maintenant encore, voyez quel prétexte facile et plausible il a trouvé pour qu’Agathon vînt se placer auprès de lui !

Agathon se levait pour aller se mettre auprès de Socrate, lorsqu’une troupe joyeuse se présenta à la porte, au moment même où un des convives l’ouvrait pour sortir, pénétra dans la salle et prit place à table. Il y eut alors grand tumulte, et, dans le désordre général, les convives furent obligés de boire à l’excès. Aristodème ajouta qu’Éryximaque, Phèdre et quelques autres s’en retournèrent chez eux, et que, pour lui, il s’endormit ; et après un long sommeil,