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Page:Œuvres complètes de Platon, série 3, tome 1, Dialogues dogmatiques (trad. Dacier et Grou), 1866.djvu/435

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mes éloges le récit des outrage qu’il m’a faits. Et ce n’est pas moi seul qu’il a ainsi traité : c’est Charmide, fils de Glaucon, Euthydème, fils de Dioclès, et une foule d’autres qu’il a trompés de même en ayant l’air de vouloir être leur amant, tandis qu’il a plutôt joué auprès d’eux le rôle du bien-aimé. Et toi aussi, Agathon, profite de ces exemples, prends garde de te laisser duper à ton tour par cet homme-là : que ma triste expérience t’éclaire ; et n’imite pas l’insensé qui, selon le proverbe, ne devient sage qu’à ses dépens. »

Alcibiade ayant cessé de parler, on commença par rire de sa franchise et de ce qu’il paraissait encore épris de Socrate.

Celui-ci prenant alors la parole : J’imagine que tu as été sobre aujourd’hui, Alcibiade ; autrement tu n’aurais jamais tourné avec cette adresse autour de ton sujet, en tâchant de nous donner le change sur le vrai motif de ton discours : motif dont tu n’as parlé qu’incidemment, à la fin, comme si ton unique but n’avait pas été de nous brouiller, Agathon et moi, parce que tu as la prétention que je dois t’aimer et n’en point aimer d’autre, et qu’Agathon ne doit être aimé que de toi seul. Mais ton artifice ne nous a point échappé ; nous avons vu clairement où tendait la fable des satyres et des silènes. Ainsi, mon cher Agathon, déconcertons son projet, et fais en sorte que personne ne nous puisse détacher l’un de l’autre. — En vérité, dit Agathon, je crois que tu as raison, Socrate, et je suis sûr qu’il n’est venu se placer entre toi et moi que pour nous