u’il veut, sans avoir la raison du médecin, et qu’il soit tyrannique au point qu’on n’ose pas le reprendre, que lui arrivera-t-il, selon toute vraisemblance ? Ne ruinera-t-il pas sa santé ?
ALCIBIADE
Tu dis vrai.
SOCRATE
Et sur un vaisseau, si quelqu’un avait la licence de faire ce que bon lui semble, sans avoir la raison et la science du pilote, vois-tu ce qui lui arriverait à lui et à ses compagnons de navigation ?
ALCIBIADE
Oui : ils périraient tous.
SOCRATE
De même, dans une cité et dans toutes les charges et pouvoirs, si l’on manque de vertu, on est condamné à mal faire.
ALCIBIADE
Infailliblement.
SOCRATE
XXXI. — Ce n’est donc pas, excellent Alcibiade, le pouvoir absolu qu’il faut acquérir pour toi, ni pour la ville, si vous voulez être heureux : c’est la vertu.
ALCIBIADE
Tu dis vrai.
SOCRATE
Et tant qu’on n’a pas la vertu, il vaut mieux non seulement pour un enfant, mais pour un homme, obéir à un homme meilleur que soi que de commander.
ALCIBIADE
Évidemment.
SOCRATE
Or ce qui est meilleur n’est-il pas aussi plus beau ?
ALCIBIADE
Si.
SOCRATE
Et ce qui est plus beau, plus convenable ?
ALCIBIAD