Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/25

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

qu‘elle le voulût ou non, et qu’elle ne pouvait l’être que par un roi philosophe, et philosophe à la manière de Platon. Il espéra un moment le trouver dans la personne de Denys le Jeune et dans celle de son ami Dion. Son échec près du premier, et l’assassinat du second lui enlevèrent ses illusions. Mais la politique avait toujours été une de ses préoccupations dominantes. Il ne s’en détacha jamais. Il reprit la plume dans sa vieillesse pour tracer une autre constitution. C’est celle qu’il a exposée dans les Lois. Elle repose sur les mêmes principes ; mais elle est plus pratique et renonce à la communauté des biens, des femmes et des enfants.


LA MORALE


La morale de Platon a un caractère à la fois ascétique et intellectuel. Platon reconnaît bien, comme Socrate, que le bonheur est la fin naturelle de la vie ; mais il y a entre les plaisirs la même hiérarchie que dans l’âme. Les trois parties de l’âme nous procurent chacune un plaisir particulier ; la raison le plaisir de connaître, le θυμός les satisfactions de l’ambition, et la partie concupiscible les jouissances grossières que Platon appelle le plaisir du gain (République, 580 d sqq.). Pour savoir quel est le meilleur de ces trois plaisirs, il faut consulter ceux qui en ont fait l’expérience. Or, l’artisan qui poursuit le gain, est entièrement étranger aux deux autres plaisirs ; l’ambitieux à son tour ne connaît pas le plaisir de la science ; seul, le philosophe a fait l’expérience des trois sortes de plaisirs et peut donner un avis compétent. Or, à ses yeux, le plaisir à la fois le plus pur et le plus grand, c’est le plaisir de connaître. C’est donc vers celui-là que nous devons nous porter. Et comme le corps est une entrave pour l’âme, qu’il est comme une masse de plomb qui arrête son vol vers les régions supérieures de l’Idée, il faut le mortifier et affranchir l’âme, autant que possible, des grossiers besoins dont il est la cause. Ainsi, c’est dans