Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/393

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donner, apprends-moi ce qu’il faut dire ou faire pour gagner les bonnes grâces d’un jeune garçon.

III. — Cela, répondis-je, n’est pas facile à dire, mais si tu voulais le faire entrer en conversation avec moi, peut-être pourrais-je te montrer de quels discours il faut l’entretenir, au lieu des pièces et des chants qu’ils prétendent que tu lui adresses.

— Il n’y a là rien de difficile, répondit-il. Entre seulement avec Ctèsippe, assieds-toi et mets-toi à causer, et je ne doute pas qu’il ne s’approche lui aussi ; car il a pour les discours, Socrate, une passion particulière. D’ailleurs, comme c’est la fête d’Hermès, les jeunes gens et les enfants sont réunis ensemble ; il ne manquera donc pas de s’approcher de toi. Sinon, Ctèsippe, par son cousin Ménexène, est en relations avec lui ; Ménexène est en effet son camarade préféré ; Ctèsippe n’aura donc qu’à l’appeler, s’il ne s’approche pas de lui-même.

— C’est cela », dis-je ; et en même temps j’entrai avec Ctèsippe dans la palestre, et les autres nous suivirent.

En entrant, nous trouvâmes là les enfants, qui venaient de prendre part au sacrifice, en habits de fête et jouant aux osselets ; car les cérémonies étaient à peu près terminées. La plupart s’amusaient dehors, dans la cour ; un certain nombre jouaient à pair ou impair dans un coin du vestiaire avec une quantité d’osselets qu’ils prenaient dans de petites corbeilles ; d’autres faisaient cercle autour d’eux et les regardaient ; Lysis était du nombre. Il était debout parmi les enfants et les jeunes gens, la couronne sur la tête, et on le distinguait entre tous, non seulement à sa beauté, qui répondait à sa réputation, mais encore à son air d’honnête homme. Pour nous, nous retirant juste en face, nous nous assîmes, car l’endroit était tranquille, et nous nous mîmes à causer. Dès lors Lysis à chaque instant se retournait pour lancer un coup d’oeil de notre côté, et l’on voyait bien qu’il avait grande envie d’approcher. Il était dans cette perplexité, hésitant à venir seul, lorsque Ménexène entra, en jouant, de la cour. Quand il nous eut aperçus, Ctèsippe et moi, il vint s’asseoir