Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/394

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à nos côtés. En le voyant, Lysis le suivit et s’assit près de lui, et les autres aussi s’approchèrent. Alors Hippothalès, voyant la compagnie grossir autour de nous, vint se cacher derrière les autres, à un endroit où il pensait n’être pas vu de Lysis ; car il avait peur de l’importuner, et il resta là à nous écouter.

Alors me tournant vers Ménexène : « O fils de Démophon, lui dis-je, lequel de vous deux est le plus vieux ?

— Nous ne sommes pas d’accord là-dessus, répondit-il.

— Disputez-vous aussi lequel est le plus noble ? dis-je.

— Oui, certes, répondit-il.

— Et pareillement lequel est le plus beau ? »

Ils se mirent à rire tous les deux. « Je ne vous demanderai pas, repris-je, lequel est le plus riche ; car vous êtes amis, n’est-ce pas ?

— Certes, répondirent-ils ensemble.

— Tout est commun entre amis, dit-on ; aussi n’y a-t-il aucune différence de fortune entre vous, si vous êtes bien amis, comme vous le dites. »

Ils en convinrent.

IV. J’allais lui demander après cela lequel des deux était le plus juste et le plus sage ; mais dans l’intervalle on vint, de la part du maître de la palestre, faire lever Ménexène : il était sans doute chargé de surveiller le sacrifice. Ménexène se retira donc. Alors je m’adressai à Lysis et je lui dis : « Sans doute, Lysis, ton père et ta mère t’aiment beaucoup.

— Oui, beaucoup, me répondit-il.

— Alors ils voudraient te voir le plus heureux possible.

— Naturellement.

— Mais tiens-tu pour un homme heureux celui qui est esclave et qui n’a le droit de rien faire de ce qu’il désire ?

— Non, par Zeus, répondit-il.

— Alors, si ton père et ta mère t’aiment et désirent ton bonheur, ils mettent évidemment tous leurs soins à te rendre heureux ?

— Sans doute, répliqua-t-il.

— Ils te laissent donc faire ce que tu veux, ils ne te