Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/417

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— Il le semble, dit-il.

— Il est donc nécessaire que l’amant véritable et sincère soit aimé de l’enfant qu’il aime ? »

Lysis et Ménexène eurent bien de la peine à faire un signe d’assentiment ; mais Hippothalès était si content que son visage passait par toutes les couleurs.

XVIII. — Je repris, voulant soumettre cette idée à l’examen : « S’il y avait quelque différence entre le convenable et le semblable, notre opinion sur la nature de l’amitié ne serait pas sans valeur, ce me semble, Lysis et Ménexène. Mais si le semblable et le convenable se trouvent être la même chose, il n’est pas facile de rejeter le raisonnement que nous avons fait précédemment, à savoir qu’en vertu de leur ressemblance, le semblable est inutile au semblable ; d’autre part admettre que l’ami est inutile est absurde. Voulez-vous donc, dis-je, puisque la discussion nous a donné pour ainsi dire l’étourdissement de l’ivresse, que nous admettions cette idée que le convenable est autre chose que le semblable ?

— Oui.

— Admettons-nous aussi que le bon convient à chacun et que le mauvais lui est étranger, ou que le mauvais convient au mauvais, le bon au bon, ce qui n’est ni bon ni mauvais à ce qui n’est ni bon ni mauvais ? »

Ils furent d’avis que ces choses se convenaient respectivement les unes aux autres.

« Alors, mes enfants, repris-je, nous voici ramenés à ces premières opinions sur l’amitié que nous avons rejetées ; car à ce compte l’injuste ne sera pas moins ami de l’injuste, et le mauvais du mauvais que le bon du bon.

— Il semble, dit-il.

— Quoi donc ! Si nous disons que le bon et le convenable sont la même chose, le bon n’est-il pas seul l’ami du bon ?

— Si fait.

— Mais sur ce point aussi nous pensions nous être réfutés nous-mêmes, vous le rappelez-vous ?