Page:Œuvres complètes de Platon (Chambry), tome 1.djvu/418

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

— Nous nous le rappelons.

— A quoi bon raisonner encore ? C’est évidemment inutile. Je veux seulement, comme les habiles avocats dans les tribunaux, résumer tout ce que nous avons dit. Si en effet ni ceux qui sont aimés, ni ceux qui aiment, ni les semblables, ni les dissemblables, ni les bons, ni les convenables, ni toutes les autres choses que nous avons passées en revue, car je n’en ai plus souvenir, tant elles sont nombreuses, si, dis-je, rien de tout cela n’est l’ami, je ne sais plus que dire. »

En parlant ainsi, je pensais à provoquer quelqu’un de plus âgé. Mais voilà que, comme des démons, les pédagogues, celui de Ménexène et celui de Lysis, s’approchent, tenant par la main les frères de ces jeunes gens, et ils les appellent et leur disent de rentrer à la maison ; car il était déjà tard. Tout d’abord, les assistants et nous, nous essayâmes de les faire partir ; mais comme ils se fâchaient sans se soucier de nous et continuaient à appeler leurs jeunes maîtres dans leur langage à demi barbare ; comme d’autre part ils avaient un peu bu aux fêtes d’Hermès et paraissaient intraitables, nous cédâmes et rompîmes l’entretien.

Néanmoins, comme ils partaient, je leur dis : « Nous venons de nous rendre ridicules, Lysis et Ménexène, moi qui suis vieux, et vous-mêmes ; car nos auditeurs vont dire en s’allant que nous avons la prétention d’être amis les uns des autres, car je me mets des vôtres, mais que nous n’avons pas encore pu découvrir ce que c’est que l’ami. »