Qu’est-ce donc que j’oublie ?
Ne te rappelles-tu pas avoir dit que l’art du rhapsode était différent de celui du cocher ?
Je me le rappelle.
N’as-tu pas avoué qu’étant différent, il devait connaître d’autres objets.
Si.
L’art du rhapsode ne connaîtra donc pas tout, selon ton aveu, ni le rhapsode non plus.
Excepté peut-être des sujets de ce genre-là.
Tu veux dire par là : excepté presque tout ce qui dépend des autres arts ; mais quels sujets connaîtra donc ton art, puisqu’il ne les connaît pas tous ?
Il connaîtra, je pense, le langage qu’il convient de prêter à un homme ou à une femme, à un esclave ou à un homme libre, à un subalterne ou à un chef.
Prétends-tu que le rhapsode connaîtra mieux que le pilote le langage que doit tenir l’homme qui commande en mer un vaisseau battu par la tempête ?
Non, pour cela, c’est le pilote.
Le rhapsode saura-t-il mieux que le médecin le langage que doit tenir celui qui gouverne un malade ?