Non plus.
Alors, tu veux parler de ce que doit dire un esclave ?
Oui.
Prétends-tu, par exemple, que ce qu’un esclave qui est bouvier doit dire pour calmer ses bœufs excités, c’est le rhapsode qui le saura, non le bouvier ?
Non, sûrement.
Alors, est-ce ce que doit dire une fileuse touchant le travail de la laine ?
Non.
Alors, est-ce ce que doit dire un général haranguant ses troupes ?
Oui, voilà le genre de choses que connaîtra le rhapsode.
Quoi donc ! l’art du rhapsode se confond avec l’art de la guerre ?
Ce qu’il y a de sûr, c’est que je saurais, moi, ce qu’il convient que dise un général.
C’est que peut-être, Ion, tu es aussi un bon capitaine. Et en effet si tu étais à la fois un bon écuyer et un bon cithariste, tu reconnaîtrais les chevaux qui trottent bien ou mal ; mais si je te demandais par lequel de ces deux arts tu reconnaîtrais les chevaux qui trottent bien, par l’art de l’écuyer ou par celui du cithariste, que me répondrais-tu ?
Je te répondrais que c’est par l’art de l’écuyer.