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Page:Œuvres complètes de Plutarque - Œuvres morales et œuvres diverses, tome 2, 1870.djvu/321

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DU TEMPLE DE DELPHES.

deux pairs additionnés ensemble ne forment d’impairs[1], et il ne leur arrive jamais de sortir de leur nature. Incapables de produire un nombre qui diffère d’eux-mêmes, ils sont frappés d’insuffisance ; au lieu que les impairs combinés avec des impairs engendrent des pairs à foison par suite de leur vertu fécondante. Ce ne serait pas ici le lieu de nous étendre sur les autres propriétés, sur les autres différences des nombres.

C’est parce que le nombre cinq résulte de l’union du premier impair avec le premier pair, que les Pythagoriciens ont appelé ce nombre « mariage », comme étant composé du premier qui soit mâle et du premier qui soit femelle. On a encore donné au nombre cinq le nom de « nature », parce que, multiplié par lui-même, il produit un nombre dont il est encore le dernier chiffre. Car, de même que la nature, quand pour semence elle a reçu le froment répandu sur les sillons, lui fait subir dans l’intervalle plusieurs aspects et plusieurs transformations nécessaires à la perfection de son œuvre, mais donne, en fin de compte, du blé, et reproduit au terme de tout le travail ce qui en avait été le début ; pareillement, tandis que les autres nombres multipliés par eux-mêmes donnent des produits qui ne se terminent pas par eux, le nombre cinq et le nombre six sont les seuls qui, multipliés par eux-mêmes, reproduisent cinq et six pour chiffre final. Car six fois six donnent trente-six, comme cinq fois cinq donnent vingt-cinq. Il y a pourtant une différence : le nombre six ne possède cette propriété qu’une seule fois, et il n’a qu’une seule manière de se reproduire : c’est quand il forme son carré ; mais le nombre cinq a d’abord cette facilité de se reproduire au moyen de la multiplication ; de plus, par une composition qui lui est particulière, ajouté à lui-même il forme une dizaine, ou bien il se reproduit alternativement, et ainsi de suite jusqu’à l’infini. En cela, ce

  1. Ricard : « La combinaison de ces deux nombres en fait connaître la différence ». Du moment qu’il n’a pas dit : « la combinaison de ces deux nombres avec eux-mêmes », il a rendu, dans un passage qui demande beaucoup de clarté, sa traduction tout à fait inintelligible. A-t-il même compris ?