Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/10

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fections de Clodius, son ami intime ; il trempa dans toutes ses intrigues, dans toutes ses désordres publics. Outre son amitié pour Clodius, Salluste avait une raison particulière de haïr Milon, auquel il avait fait, comme époux, un de ces outrages et dont il avait reçu un de ces châtiments qu’il est également difficile d’oublier. Surpris en conversation criminelle avec la belle Fausta, épouse de Milon et fille du dictateur Sylla, il avait été rudement fustigé et mis à contribution pour une forte somme. Tribun du peuple, Salluste se montra, presque en toute occasion, l’ennemi de Pompée et le soutien des mauvais citoyens ; conduite coupable qu’il expia à la fin par un juste châtiment. L’an 704, les censeurs Appius Pulcher et L. Calpurnius Pison l’exclurent du sénat, à cause de ses débauches.

Une révolution l’avait rejeté hors de la vie politique, une révolution l’y ramena. César, après la conquête des Gaules, allait s’armer contre le sénat : son camp était l’asile de tous les séditieux, de tous les mécontents : Salluste devait naturellement s’y rendre ; le parti de César, c’était son ancien parti, le parti populaire vers lequel il avait toujours incliné ; déjà même, étant tribun, il s’était montre dévoué à César ; il en fut donc bien accueilli. Bientôt il fut nommé questeur et rentra dans le sénat, deux ans après en avoir été banni. Pendant que César allait combattre Pompée en Grèce, Salluste resta en Italie, occupé des fonctions de sa charge, « dans l’exercice de laquelle, si l’on en croit un témoignage suspect, il ne s’abstint de vendre que ce qui ne trouva point d’acheteur[1]. » De retour à Rome, l’an 708, César éleva Salluste à la préture. Salluste avait alors quarante ans. L’année suivante, il se maria avec Terentia, épouse divorcée de Cicéron. Longtemps Terentia avait exercé sur son premier mari

  1. Quem honorem ita gessit, ut nihil in eo non venale habuerit, cujus aliquis emptor fuerit. (Declam. in Sallust., VI.)