Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/100

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minie plutôt que dans sa valeur. Le consul Albinus, redoutant pour lui la haine publique et les dangers que provoque le crime de son frère, soumet le traité à la délibération du sénat. Cependant il lève des recrues, demande des renforts aux alliés et aux Latins, et pourvoit à toutes choses avec activité. Le sénat, comme il était juste, déclare que, sans son autorisation et celle du peuple, aucun traité n’a pu être valablement conclu (25). Le consul part quelques jours après pour l’Afrique ; mais, sur l’opposition des tribuns du peuple, il ne peut embarquer avec lui les troupes qu’il venait de lever. Toute notre armée, depuis l’évacuation de la Numidie, aux termes du traité, était en quartiers d’hiver dans la Province romaine. Dès son arrivée, Albinus brûlait de poursuivre Jugurtha, pour apaiser l’indignation soulevée contre son frère ; mais, quand il eut reconnu que les soldats, outre la honte de leur fuite, étaient, par le relâchement de la discipline, livrés à la licence et à la débauche, il demeura convaincu que, dans l’état des choses, il n’y avait pour lui aucune entreprise à former.

XL. Cependant, à Rome, le tribun C. Mamilius Limetanus fit au peuple une proposition tendant à informer contre ceux qui, par leurs conseils, avaient engagé Jugurtha à désobéir aux décrets du sénat ; qui, dans leurs ambassades ou dans leurs commandements, avaient reçu de l’argent de ce prince, ou lui avaient livré des éléphants et des transfuges, enfin qui avaient traité de la paix ou de la guerre avec les ennemis. A cette proposition personne n’osa résister ouvertement, ni ceux qui se sentaient coupables, ni ceux qui redoutaient les dangers de l’irritation des partis : les uns et les autres