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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/114

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que le lieutenant du consul, attiré par le bruit, ne vint secourir les Romains dans leur position critique ; alors, pour lui couper le chemin, il déploya sur un front plus large ses troupes, que, dans son peu de confiance en leur valeur, il avait tenues fort serrées (55). Dans cet ordre, il marche droit au camp de Rutilius.

LIII. Les Romains aperçoivent tout à coup un grand nuage de poussière, car les arbustes dont ce lieu était couvert empêchaient la vue de s’étendre. Ils pensèrent d’abord que le vent soulevait le sable de cette plaine aride ; mais, comme le nuage s’élevait toujours également et se rapprochait graduellement suivant les mouvements de l’armée, leurs doutes cessent : ils prennent leurs armes à la hâte, et, dociles aux ordres de leurs chefs, se rangent devant le camp. Dès que l’on est en présence, on s’attaque de part et d’autre avec de grands cris. Les Numides tinrent ferme, tant qu’ils crurent pouvoir compter sur lu secours de leurs éléphants ; mais, dès qu’ils virent ces animaux embarrassés dans les branches des arbres, séparés les uns des autres et enveloppés par l’ennemi, ils prirent la fuite, la plupart en jetant leurs armes, et s’échappèrent sains et saufs, à la faveur de la colline et de la nuit qui commençait. Quatre éléphants furent pris ; tous les autres, au nombre de quarante, furent tués.

Malgré la fatigue de la marche, du campement, du combat, et la joie de la victoire (56), les Romains, comme Metellus se faisait attendre plus longtemps qu’on n’avait pensé, s’avancent au-devant de lui, en bon ordre, avec précaution : les ruses des Numides ne permettaient ni relâche ni négligence. Lorsque, dans l’obscu-