Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/116

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sa garde, ne suit le roi après une déroute. Chacun se retire où il juge à propos ; et cette désertion n’est point regardée comme un déshonneur : les mœurs de la nation l’autorisent.

Convaincu que Jugurtha n’a point laissé fléchir son courage indomptable, et que pour les Romains va recommencer une guerre où rien ne se fera que selon le bon plaisir de l’ennemi, où ils ne combattront jamais qu’avec des chanees inégales, où enfin la victoire leur sera plus désastreuse que la défaite aux Numides, Metellus se décide à éviter les engagements et les batailles rangées, pour adopter un nouveau plan d’opérations. Il se dirige dans les cantons les plus riches de la Numidie, ravage les champs, prend les châteaux et les places peu fortifiées ou sans garnison, les livre aux flammes, passe au fil de l’épée tout ce qui est en état de porter les armes, et abandonne au soldat le reste de la population. La terreur de ces exécutions fait qu’on livre aux Romains une foule d’otages, qu’on leur apporte des blés en abondance, et tout ce dont ils peuvent avoir besoin. Partout où ils le jugent nécessaire, ils laissent des garnisons.

Cette manœuvre inspire au roi de bien plus vives alarmes que l’échec récemment éprouvé par son armée. Tout son espoir était d’éviter l’ennemi, et il se voit forcé d’aller le chercher : faute d’avoir pu se défendre dans ses positions, il est réduit à combattre sur le terrain choisi par son adversaire. Cependant il prit le parti qui, dans sa position critique, lui parut encore le meilleur. Il laisse dans les cantonnements le gros de son armée, et lui-même, avec l’élite de sa cavalerie, s’attache à suivre Metellus. La nuit, dérobant sa marche par des routes détournées (58), il attaque à l’improviste ceux des Romains qui er-