Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/131

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cher du soleil. Le lendemain, vers la troisième heure (84), il arrive dans une espèce de plaine environnée de tous côtés par de petites éminences. Là, voyant ses soldats harassés par la longueur du chemin, et disposés à refuser tout service, il leur apprend qu’ils ne sont plus qu’à mille pas de Vacca, et qu’il est de leur honneur de supporter encore un reste de fatigue pour aller venger leurs braves et malheureux concitoyens ; puis il fait briller à leurs yeux l’espoir d’un riche butin. Ce discours relève leur courage : Metellus fait marcher sa cavalerie en première ligne sur un plan étendu, et serrer le plus possible les rangs à l’infanterie, avec ordre de cacher les drapeaux.

LXIX. Les habitants de Vacca, à la première vue d’une armée qui marchait vers leur ville, crurent d’abord, ainsi qu’il était vrai, que c’étaient les Romains, et ils fermèrent leurs portes. Mais, comme cette armée ne dévastait point la campagne, et que ceux qui s’avançaient les premiers étaient des Numides, alors les Vaccéens se persuadent que c’était Jugurtha, et, transportés de joie, ils vont au devant de lui. Tout à coup les cavaliers et les fantassins, à un signal donné, s’élancent à la fois : les uns taillent en pièces la foule qui sortait de la ville, les autres courent aux portes, une partie s’empare des tours. Le ressentiment et l’espoir du butin triomphent de la lassitude. Ainsi les Vaccéens n’eurent que deux jours à se féliciter de leur perfidie. Tout, dans cette grande et opulente cité, fut mis à mort ou livré au pillage. Turpilius, le commandant de la ville, que nous avons vu ci-dessus échapper seul au massacre général, cité par Metellus pour rendre compte de sa conduite, se justifia mal, fut