Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/132

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condamné, battu de verges, et décapité, car il n’était que citoyen latin (85).

LXX. Dans ce même temps, Bomilcar dont les conseils avaient poussé Jugurtha à une soumission, que la crainte lui avait fait ensuite rétracter, devenu suspect à ce prince, qu’il suspectait lui-même, veut sortir de cette position : il cherche quelque ruse pour perdre le roi ; nuit et jour cette idée obsède son esprit. A force de tentatives, il parvient enfin à s’adjoindre pour complice Nabdalsa, homme distingué par sa naissance, ses grandes richesses, et fort aimé de ses compatriotes. Celui-ci commandait ordinairement un corps d’armée séparé du roi, et suppléait le roi dans toutes les affaires auxquelles ne pouvait suffire Jugurtha, fatigué ou occupé de soins plus importants ; ce qui avait valu à Nabdalsa de la gloire et des richesses.

Ces deux hommes, dans un conciliabule, prirent jour pour l’exécution du complot : au reste, ils convinrent de régler leur conduite d’après les circonstances. Nabdalsa part pour l’armée, qui était en observation près des quartiers d’hiver des Romains, afin de les empêcher de dévaster impunément la campagne ; mais, épouvanté de l’énormité du crime, au jour marqué, il ne vint point, et ses craintes arrêtèrent le complot. Alors Bomilcar, à la fois impatient de consommer son entreprise, et inquiet des alarmes de son complice, qui pouvait renoncer à leur premier projet pour prendre une résolution contraire, lui envoya, par des émissaires fidèles, une lettre dans laquelle il lui reprochait sa mollesse et son défaut de résolution ; puis, attestant les dieux qui avaient reçu ses serments, il l’engageait à ne pas faire tourner à leur ruine les promesses de Metellus, ajoutant que la