Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/137

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il marche vers Thala. Arrivé dans l’endroit qu’il avait assigné aux Numides, son camp à peine assis et fortifié, il tomba tout à coup une telle quantité de pluie, que l’armée eut de l’eau bien au delà de ses besoins. En outre, la provision qui fut apportée surpassa les espérances. Les Numides, comme il arrive aux peuples tout nouvellement soumis, avaient fait plus qu’il ne leur était demandé. Mais nos soldats, par un sentiment dr religion, employèrent de préférence l’eau de pluie. Cet incident accrut merveilleusement leur courage ; car ils y virent la preuve que les dieux immortels daignaient prendre soin d’eux. Le lendemain, contre l’attente de Jugurtha, les Romains arrivent à Thala. Les habitants, qui croyaient leur ville bien défendue par l’extrême difficulté de ses approches, furent confondus d’une entreprise si grande et si extraordinaire ; cependant ils se disposèrent activement au combat : autant en firent les Romains.

LXXVI. Convaincu que tout est possible à Metellus (89), puisque les armes, les traits, les positions, le temps, enfin la nature elle-même, qui commande à toutes choses, rien n’avait résisté à son habileté, Jugurtha se sauve nuitamment de la ville, avec ses enfants et une grande partie de ses trésors. Depuis ce moment, il ne s’arrêta jamais plus d’un jour ou d’une nuit dans le même lieu, sous prétexte que ses affaires lui commandaient cette précipitation, mais en effet par la crainte de nouvelles trahisons, n’espérant les éviter qu’au moyen de ces continuels changements de séjour ; car de pareils complots demandent du loisir et une occasion favorable.

Metellus, voyant les habitants de Thala prêts à combattre vail-