Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/138

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lamment pour défendre leur ville si bien fortifiée par la nature et par l’art, investit les murs d’une palissade et d’un fossé. Ensuite, dans les endroits les plus convenables, il fait dresser des mantelets, puis élever des terrasses, sur lesquelles on hisse des tours (90) pour mettre à couvert les ouvrages et les travailleurs. A ces moyens d’attaque, les assiégés se hâtent d’opposer leurs moyens de défense : de part et d’autre rien n’est oublié. Les Romains, fatigués de tant de travaux et de périls, après quarante jours de siège, s’emparèrent du corps de la place seulement ; car tout le butin avait été détruit par les transfuges. Dès qu’ils avaient vu le bélier commencer à battre les murailles (91), les déserteurs, se voyant perdus sans ressource, transportèrent au palais du roi l’or, l’argent, et tout ce qu’il y avait de plus précieux dans la ville. Là, après s’être gorgés de vin et de bonne chère, ils livrèrent au même incendie ces trésors, le palais et leurs personnes. Ainsi le châtiment qu’ils redoutaient de la part de l’ennemi, après leur défaite, ils se l’infligèrent volontairement eux-mêmes.

LXXVII. Au moment de la prise de Thala, des députés de la ville de Leptis vinrent prier Metellus de leur envoyer une garnison et un gouverneur. Un certain Hamilcar, disaient-ils, homme noble, factieux, cherchait à bouleverser l’État. Contre lui, l’autorité des magistrats et des lois était sans force. Sans un prompt secours, les plus grands dangers menaçaient l’existence d’une ville alliée de Rome. Les habitants de Leptis avaient en effet, dès le commencement de la guerre de Jugurtha, député vers le consul Bestia, et ensuite à Rome, pour demander notre