Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/144

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devait pas sacrifier le certain pour l’incertain ; que toute guerre est facile à entreprendre, mais très malaisée à terminer ; que celui qui la commence n’est pas le maître de la finir ; qu’il est permis, même au plus lâche, de prendre les armes, mais qu’on ne les dépose qu’au gré du vainqueur (97) ; enfin, que Bocchus, dans son intérêt et dans celai de son royaume, ne devait pas associer sa fortune florissante au sort désespéré de Jugurtha. A ces ouvertures, le roi répondit avec assez de modération qu’il désirait la paix, mais qu’il était touché des malheurs de Jugurtha ; que, si son gendre était pour sa part admis à traiter, tout serait bientôt d’accord. Metellus, d’après cette proposition de Bocchus, lui envoie de nouveaux députés. Le monarque agrée une partie de leurs demandes, et rejette les autres. Ainsi, à la faveur de ces députations successives, le temps s’écoula, et, comme l’avait désiré Metellus, les hostilités furent suspendues.

LXXXIV. Dès que Marius, porté, comme nous l’avons dit, au consulat, par les vœux ardents du peuple, en eut obtenu la province de la Numidie, lui, de tout temps l’ennemi des nobles, il donne un libre essor à son animosité, et ne cesse de les attaquer (98), soit en corps, soit individuellement. Il répétait tout haut que son consulat était une dépouille conquise sur des vaincus : on l’entendait, en outre, parler de lui en termes magnifiques ; des nobles, avec l’expression du mépris. Toutefois il s’occupe avant tout de pourvoir aux besoins de la guerre, sollicite un supplément aux légions (99), demande des troupes auxiliaires aux peuples, aux rois, aux alliés, et fait un appel à tout ce que le Latium avait de plus vaillants soldats : la plu-