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Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/154

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les siens en haleine (118) et l’ennemi en échec. Ainsi, les Gétules (119) et Jugurtha, qui venaient de piller nos alliés, se virent à leur retour attaqués et battus ; le prince lui-même, surpris non loin de Cirta, fut contraint d’abandonner ses armes. Bientôt, considérant que ces expéditions, bien que glorieuses, ne terminaient pas la guerre, Marius résolut d’assiéger successivement toutes les villes qui, par la force de leur garnison ou de leur position, pouvaient favoriser les projets de l’ennemi ou contrarier les siens. Ainsi Jugurtha allait être ou privé de ses garnisons, s’il se laissait enlever ses places, ou forcé de combattre. Quant à Bocchus, il avait, par ses émissaires, donné plusieurs fois au consul l’assurance « qu’il désirait l’amitié du peuple romain, et qu’on n’avait à craindre de sa part aucune hostilité ». Etait ce un piège, afin de nous surprendre avec plus d’avantage, ou inconstance de caractère, qui le faisait pencher tantôt pour la paix, tantôt pour la guerre ? C’est ce qu’on ne saurait facilement décider.

LXXXIX. Le consul, suivant son plan, attaque les villes et les châteaux fortifiés, employant, pour les enlever à l’ennemi, ici la force, là les menaces ou les présents. D’abord, il s’attache aux moindres places, dans la pensée que, pour secourir les siens, Jugurtha se déciderait à en venir aux mains. Mais, apprenant qu’il était éloigné, et occupé d’autres projets, il jugea qu’il était temps de tenter des entreprises plus importantes et plus difficiles. Au milieu de vastes solitudes, était une ville grande et forte, nommée Capsa, et dont Hercule Libyen passe pour le fondateur. Exempts d’impôts depuis le règne de Jugurtha, traités avec douceur, ses habitants passaient pour être