Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/153

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LXXXVII. Le consul, ayant complété les légions et les cohortes auxiliaires, marche vers un pays fertile et riche en butin. Tout ce qui est pris, il l’abandonne aux soldats. Il assiège ensuite des châteaux et des villes mal défendues tant par leur assiette que par leurs garnisons, et livre, tantôt dans un lieu, tantôt dans un autre, une foule de combats, tous peu importants. Par là, les nouvelles recrues s’accoutument à se battre sans crainte ; ils voient que les fuyards sont pris ou tués ; que les plus braves courent le moins de danger ; que c’est avec les armes que l’on protège la liberté, la patrie, la famille, tous les intérêts ; qu’elles donnent la gloire et les richesses. Ainsi l’on ne distingua bientôt plus les jeunes soldats d’avec les vieux : même valeur les animait tous.

A la nouvelle de l’arrivée de Marius, les rois se retirèrent chacun de leur côté dans des lieux de très difficile accès. Ainsi l’avait décidé Jugurtha, dans l’espoir de pouvoir attaquer bientôt les Romains dispersés, qui, délivrés de toute crainte, ne manqueraient pas, comme il arrive presque toujours, de marcher avec moins d’ordre et de précaution.

LXXXVIII. Cependant Metellus était parti pour Rome, où, contre son attente, il fut reçu avec des transports de joie. L’envie était désarmée, et il devint également cher au peuple et au sénat (117).

Quant à Marius, avec autant d’activité que de prudence, il porte un œil également attentif sur la position de l’ennemi et sur la sienne, remarque ce qui peut leur être réciproquement favorable ou contraire. Il épie la marche des deux rois, prévient leurs projets ou leurs stratagèmes, tient continuellement