Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/168

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ambitieux de flatter le soldat, ont dit quelques-uns ; d’autres ont prétendu qu’habitué dès l’enfance à une vie dure il s’était fait un plaisir de tout ce qui est une peine pour les autres. Quoi qu’il en soit, par cette conduite, Marius servit aussi bien et aussi glorieusement l’État qu’il l’eût fait par la rigueur du commandement.

CI. Enfin, le quatrième jour, non loin de la ville de Cirta, les éclaireurs se montrent de tous côtés à la fois, ce qui annonçait l’approche de l’ennemi. Mais comme, venant de divers points, ils faisaient tous le même rapport, le consul, incertain sur l’ordre de bataille qu’il doit choisir, ne change rien à ses dispositions, et, prêt à faire face de toutes parts, il attend de pied ferme. Ainsi fut trompé l’espoir de Jugurtha, qui avait partagé ses troupes en quatre corps, comptant que, sur ce nombre, quelques-uns au moins surprendraient l’ennemi en queue.

Cependant Sylla, qui se trouve atteint le premier, exhorte les siens, en forme un escadron bien serré, et fond sur les Maures. Le reste de ses cavaliers, gardant leur position, se garantissent des traits lancés de loin ; tout ennemi qui vient à leur portée tombe sous leurs coups. Pendant que la cavalerie est ainsi engagée (126), Bocchus attaque l’arrière-garde des Romains avec un corps d’infanterie que son fils Volux lui avait amené, mais qu’un retard dans sa marche avait empêché de se trouver au dernier combat. Marius était alors à l’avant-garde, contre laquelle Jugurtha dirigeait sa principale attaque. Le Numide, ayant appris l’arrivée de Bocchus, accourt secrètement, avec quelques hommes de sa suite, vers l’infanterie de