Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/175

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Sylla. « Il vient d’apprendre par ses éclaireurs que Jugurtha n’est pas loin, il faut donc fuir secrètement avec lui pendant la nuit ; il l’en conjure avec instance ».

Le Romain répond avec fierté : Il ne peut craindre le Numide, vaincu tant de fois par ses armes ; il se repose entièrement sur la bravoure des siens ; même, dans le cas d’un désastre inévitable, il demeurerait pour ne point trahir ceux qu’il commande, ni conserver, par une fuite honteuse, une vie incertaine, et que pourrait, quelques instants plus tard, terminer la première maladie. Au surplus, il approuve le conseil que lui donne Volux, de lever le camp pendant la nuit, et ordonne aussitôt que les soldats, après avoir soupé, allument dans le camp le plus de feux qu’ils pourront, et qu’ensuite à la première veille ils partent en silence. Tous étaient accablés des fatigues de cette marche nocturne ; et Sylla, au lever du soleil, traçait déjà son camp, lorsque des cavaliers maures annoncent que Jugurtha a pris position à environ deux mille pas devant eux. A cette nouvelle, l’épouvante gagne nos soldats, ils se croient trahis par Volux, environnés d’embuscades : quelques-uns même parlent de faire justice du traître, et de ne pas laisser un tel attentat sans vengeance.

CVII. Sylla partage ces soupçons ; toutefois il protège le Maure contre toute violence : il exhorte les siens « à conserver leur courage : plus d’une fois, leur dit-il, une poignée de braves a triomphé d’ennemis sans nombre : moins vous vous épargnerez dans le combat, moins vous aurez à craindre ; quelle honte pour le guerrier, dont les bras sont armés, de chercher une défense