Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/178

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

l’autre que des interprètes sûrs, et pour médiateur Dabar, homme irréprochable (132), également estimé de tous deux. Dès l’abord Bocchus adresse à Sylla ces paroles :

CX. « Monarque le plus puissant de ces contrées et de tous les rois que je connais, je n’ai jamais pensé que je pusse un jour avoir des obligations à un simple particulier. Oui, Sylla, avant de vous avoir connu, j’ai souvent accordé mon appui aux uns quand ils me l’ont demandé, aux autres de mon propre mouvement, et jamais je n’ai eu besoin de celui de personne. J’ai perdu cet avantage ; mais, loin de m’en affliger comme feraient bien d’autres, je m’en félicite, et je m’estimerai heureux d’avoir eu besoin de votre amitié, que mon cœur préfère à tout. Oui, vous pouvez me mettre à l’épreuve : armes, soldats, trésors, prenez tout, disposez de tout ; tant que vous vivrez, ne croyez pas que ma reconnaissance soit jamais satisfaite, elle sera toujours entière ; enfin, quels que soient vos souhaits, si j’en suis informé, vous ne les formerez pas en vain ; car, à mon avis, il est plus humiliant pour un roi d’être vaincu en générosité que par les armes. Quant aux intérêts de Rome, dont vous êtes auprès de moi le mandataire, voici en peu de mots ma déclaration. Je n’ai point fait, je n’ai jamais eu l’intention de faire la guerre au peuple romain : mes frontières ont été attaquées : je les ai défendues les armes à la main ; mais je passe là-dessus, puisque vous le désirez ; faites comme vous l’entendrez la guerre à Jugurtha. De mon côté, je ne franchirai pas le fleuve Mulucha, qui servait de limite entre Micipsa et moi, et j’empêcherai Jugurtha de le traverser. Au reste, si vous me faites