Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/177

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

ments de son esprit le rendaient cher et agréable à Bocchus, qui, ayant eu plusieurs fois l’occasion de reconnaître son attachement pour Rome, l’envoya aussitôt annoncer à Sylla qu’il était prêt à faire tout ce que demanderait le peuple romain, que Sylla fixât lui-même le jour, le lieu, le moment d’une entrevue, aucun engagement antérieur n’entraverait leur délibération et la présence de l’envoyé de Jugurtha ne devait lui causer aucun ombrage : on ne l’avait appelé que pour rendre leur négociation plus facile ; c’était, d’ailleurs, le meilleur moyen de prévenir les entreprises de ce prince artificieux. Quant à moi, j’en suis convaincu, Bocchus, agissant d’après la foi punique (130) plutôt que d’après les motifs qu’il mettait en avant, amusait en même temps les Romains et le Numide par l’espérance de la paix ; longtemps il délibéra en lui-même s’il livrerait Jugurtha aux Romains, ou Sylla au Numide, et ses affections, qui nous étaient contraires, ne cédèrent qu’à la crainte, qui parla pour nous (131).

CIX. Sylla répond qu’il dira peu de choses en présence d’Aspar : le reste se traitera en secret, avec le roi seul, ou avec le moins possible de témoins ; il dicte en même temps la réponse que Bocchus devra lui faire publiquement. L’entrevue ayant donc lieu comme il l’avait demandé, Sylla dit qu’il a été envoyé par le consul pour demander à Bocchus s’il voulait la paix ou la guerre. Alors le roi, comme on le lui a prescrit, ordonne à Sylla de revenir dans dix jours : il n’a encore pris aucune détermination, mais il donnera alors sa réponse ; puis ils se séparent et retournent dans leur camp. Mais, bien avant dans la nuit, Bocchus mande en secret Sylla ; ils n’admettent l’un et