Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/180

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Aspar, joyeux, se rend au camp de Jugurtha. Il en reçoit des instructions sur tous les points, et, hâtant son retour, il arrive, au bout de huit jours, auprès de Bocchus. Voici ce qu’il annonce : « Jugurtha accédera volontiers à tout ce que l’on exigera ; il a peu de confiance en Marius ; plus d’une fois déjà, ses traités, conclus avec les généraux romains, n’ont point été ratifiés ; au surplus, si Bocchus veut travailler pour leurs intérêts communs, et arriver à une paix définitive, il doit faire en sorte que toutes les parties intéressées aient une entrevue, comme pour négocier, et là il livrera Sylla à Jugurtha ; dès qu’un personnage si important sera entre ses mains, le sénat et le peuple romain voudront à tout prix faire la paix, et n’abandonneront pas un patricien illustre, que son zèle pour l’État, et non sa lâcheté, aurait fait tomber au pouvoir de l’ennemi ».

CXIII. A cette proposition, le Maure reste plongé dans une longue rêverie ; il promet enfin. Pensait-il à tromper Jugurtha ? était-il de bonne foi ? C’est ce que nous ne saurions décider. Chez les rois, les résolutions sont, la plupart du temps, aussi mobiles qu’absolues, souvent tout à fait contradictoires. Ensuite, à des heures et dans un lieu convenus, Bocchus mande auprès de lui tantôt Sylla, tantôt l’envoyé de Jugurtha ; il les accueille tous deux avec bienveillance, et leur fait les mêmes promesses : l’un et l’autre sont également pleins de joie et d’espérance. Dans ia nuit qui précéda le jour fixé pour la conférence, le Maure appela près de lui ses amis ; puis, prenant un autre parti, il les congédia aussitôt. Livré ensuite, dit-on, à