Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/181

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

mille réflexions, il changeait, à chaque résolution nouvelle, de contenance et de visage, trahissant ainsi, malgré son silence, les secrètes agitations de son âme.

Il finit pourtant par faire venir Sylla, et prend avec lui des dispositions pour la perte du Numide. Ensuite, dès que le jour fut venu, informé de l’approche de Jugurtha, Bocchus, avec quelques amis et notre questeur, sort au devant du prince comme pour lui faire honneur, et se place sur une éminence d’où il pouvait être vu très facilement des exécuteurs du complot. Le Numide s’y rend aussi, accompagné de la plupart de ses amis, et sans armes, selon la convention. Tout à coup, à un signal donné, la troupe sort de l’embuscade et enveloppe Jugurtha de toutes parts. Tous ceux de sa suite sont égorgés ; il est chargé de chaînes et livré à Sylla, qui le mène à Marius (133).

CXIV. Vers ce même temps, nos généraux Q. Cépion et M. Manlius se firent battre par les Gaulois. A cette nouvelle, toute l’Italie trembla d’effroi. Les Romains avaient alors, comme de nos jours, la pensée que tous les autres peuples doivent céder à leur courage, mais qu’avec les Gaulois, quand on combat, il ne s’agit plus de gloire, mais du salut de la République. Dès qu’on sut à Rome la guerre de Numidie terminée, et que Jugurtha y était amené chargé de chaînes, Marius, quoique absent, fut nommé consul (134), et on lui décerna le département de la Gaule. Ensuite, aux calendes de janvier, il triompha consul (135), ce qui était une haute distinction. En lui résidaient alors la force et l’espoir de la République.

FIN DE LA GUERRE DE JUGURTHA.