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NOTES DE LA GUERRE DE JUGURTHA

(5) … Né d’une concubine.

Il y a ici une équivoque grammaticale : quem se rapporte-t-il à Jugurtha ou à Manastabal ? qui des deux était né d’une concubine ? Tous les traducteurs, à l’exception du président de Brosses, ont pensé que c’était Jugurtha. Beauzée et Lebrun ont motivé leur opinion sur deux passages de Salluste. Cet historien a dit précédemment « après sa mort (de Masinissa), Micipsa, son fils, hérita seul de la couronne, la maladie ayant emporté Gulussa et Manastabal, frères du nouveau roi. » Cette phrase prouve évidemment que Manastabal était héritier légitime de son père, et que ce n’était point lui que Masinissa avait laissé dans une condition privée, comme étant né d’une concubine. Plus loin, Salluste (ch. xi) ajoute que dès longtemps Hiempsal méprisait Jugurtha comme au-dessous de lui, à cause de la tache qu’imprimait à sa naissance la qualité de sa mère.

(6) … Scipion.

Il s’agit ici de Scipion Émilien, fils de Paul-Émile, petit-fils, par adoption, du grand Scipion l’Africain, et le même qui avait fait le partage de la succession de Masinissa entre ses enfants. Il fut, comme son aïeul d’adoption, surnommé l’Africain, après avoir détruit Carthage.

(7) … Si je venais à en avoir.

Ces mots, si genuissem, négligés par quelques traducteurs, font entendre que Jugurtha avait perdu son père avant que Micipsa eût des enfants.

(8) … Dans la maison du premier licteur de Jugurtha.

D’anciens traducteurs ont rendu proxumus lictor Jugurthæ par cette expression, son capitaine des gardes. Ils n’avaient pas réfléchi que Salluste, qui connaissait bien les mœurs et les coutumes de l’Afrique, n’aurait pas employé cette expression toute romaine, s’il n’avait eu ses motifs. En effet, Masinissa, à qui le sénat de Rome avait décerné les ornements des magistratures curules, avait introduit en Numidie quelques-unes des institutions de Rome ; et, comme des