Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/199

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doute, je me suis décidé pour celle qui compte en sa faveur la majorité des suffrages.

(51). ..... Quatre cohortes légionnaires.

C’est mal à propos que Salluste se sert du mot cohortes ; car là division des légions en cohortes est postérieure à la bataille de Muthul, puisqu’elle fut l’ouvrage de Marius pendant son second consulat, deux ans après cette bataille, l’an de Rome 647. Au reste, ce genre d’inadvertance est très-commun chez les historiens anciens ; Tite-Live l’a commise fort souvent à l’occasion des cohortes. Ainsi, dans son liv. XXIV, ch. xxxiv, en racontant le siège de Syracuse, il fait mention des vélites, qui ne furent institués que deux ans après.

(52). ..... Il exhorte les siens.

Une des grandes difficultés pour les traducteurs d’auteurs latins, ce sont les discours indirects, qui se rencontrent si souvent dans Tite-Live et dans Tacite, comme dans Salluste. « Ces discours indirects sont durs et fatigants en français, observe d’Otteville, au lieu qu’ils ont de la grâce en latin. Il est à présumer que l’auteur qu’on traduit, si c’est un homme de goût, les aurait évités en écrivant dans notre langue. Les historiens latins ont travaillé et poli avec soin le discours direct. Telles sont les harangues que Salluste met dans la bouche de César, de Caton et de Marius même, le moins éloquent des Romains. Ils ont au contraire laissé brut et sans ornements le discours indirect : l’un est l’édifice entier, l’autre n’en est que la charpente et les matériaux. » De ces réflexions faut-ii conclure qu’un traducteur peut se donner la licence de changer en discours directs ceux que son auteur a laissés sous l’autre forme ? D’Otteville répond avec raison qu’on doit rarement prendre cette latitude. « La majesté de l’histoire, ajoute ce critique, n’aurait-elle pas lieu de rougir de la ressemblance qu’un trop grand nombre de discours directs lui donnerait avec nos romans modernes ? »

(55). ..... Par la nuit tombante.

Et jam die vesper erat. Ici, die est pour diei, comme dans ce vers de Virgile, Géorg., liv. I, v. 208 :

Libra die somnique pares ubi fecerit horas.