Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/203

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

consul, les questeurs, et même les tribuns des quatre premières légions. Cicéron (discours pour Cluentius, ch. LIV) parle des tribuns de ces légions comme ayant voix au sénat.

(67). Aptes à y prendre place.

Idoneos ne veut pas dire les plus habiles, les plus dignes, comme l’ont entendu plusieurs traducteurs ; mais ceux qui, par leur grade, étaient aptes à être appelés à ce conseil de guerre. Au surplus, on voit, dans les Commentaires de César, que les conseils de guerre se composaient de la plupart des tribuns militaires et des centurions de première classe : compluresque tribuni mililum et primorum ordinum centuriones. (De Bell, gall., lib. V, cap. XXIX.)

(68). La plupart furent effectivement livrés.

Trois mille transfuges furent livrés, dit Paul Orose, outre trois cents otages et une grande quantité de blé (liv. V, ch. XIV).

(69). Pour y recevoir de nouveaux ordres.

Ad imperandum, qui se trouve dans le texte, est ici pour ut ei imperaretur ; et prouve, entre mille exemples, que les gérondifs latins ont le sens actif ou passif. Ainsi, dans le ch. v ci-dessus, nous avons vu quo ad cognoscendum (pour ut cognoscaniur) omnia illustria magis magisque in aperlo sunt ; dans Justin (liv. XVII, ch. III), Athenas erudiendi (pour ut erudiretur) gratia missus ; dans Velleias (liv. II, ch. xv), ut cives romanos ad censendum (pour ut censerenlur) ex provinciis in llaliam revocaverinl. M. Burnouf, dans son Commentaire, cite encore plusieurs exemples de cette singularité philologique.

La loyauté réprouve assurément la conduite de Metellus à l’égard de Jugurtha ; mais elle avait pour elle l’approbation du sénat de Rome, dont la politique n’était jamais gênée par aucune considération d’honneur ou d’équité. C’est ce qui a fait dire à Montesquieu : « Quelquefois ils traitaient de la paix avec un prince sous des conditions raisonnables ; et, lorsqu’il les avait exécutées, ils en ajoutaient de telles, qu’il était forcé de recommencer la guerre. Ainsi, quand ils se furent fait livrer par Jugurtha ses éléphants, ses chevaux, ses trésors, ses transfuges, ils lui demandaient de livrer sa personne ; chose qui, étant pour un prince le dernier des malheurs, ne peut jamais être une condition de paix.