Aller au contenu

Page:Œuvres complètes de Salluste (trad. Durozoir), 1865.djvu/227

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

CONJURATION DE CATILINA


I. Tout homme qui veut l’emporter sur les autres animaux doit faire tous ses efforts pour ne point passer obscurément sa vie comme les brutes, que la nature a courbées vers la terre, esclaves de leurs appétits grossiers. Or toutes nos facultés résident dans l’âme et dans le corps (1) : nous employons de préférence l’âme à commander, le corps à obéir (2) : l’une nous est commune avec les dieux, l’autre avec les bêtes. Aussi me paraît-il plus juste de rechercher la gloire par les facultés de l’esprit que par celles du corps, et, puisque la vie qui nous est donnée est courte, de laisser de nous la plus longue mémoire. Car l’éclat des richesses et de la beauté est fugitif et peu durable : il n’appartient qu’à la vertu de se rendre célèbre et immortelle.

Ce fut longtemps parmi les hommes un grand sujet de discussion, si la force du corps contribuait plus aux succès militaires que les lumières de l’esprit : en effet, avant d’entreprendre, il faut réfléchir (3), et, après avoir réfléchi, promptement exécu-