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CONJURATION DE CATILINA

par le libertinage, qu’elle cherchait plutôt les hommes qu’elle n’en était recherchée. Souvent, au reste, avant la conjuration, elle avait violé sa foi, nié des dépôts, trempé dans des assassinats : la débauche et l’indigence l’avaient précipitée de crime en crime. Avec tout cela, d’un esprit agréable, sachant faire des vers, manier la plaisanterie, se plier tour à tour au ton de la modestie, de la sensibilité, du libertinage ; du reste, toujours remplie d’enjouement et de grâces.

XXVI. Ses dispositions prises, Catilina n’en sollicitait pas moins le consulat pour l’année suivante (58), espérant que, s’il était consul désigné, il trouverait dans C. Antonius un instrument docile. Cependant il ne restait pas dans l’inaction, et il cherchait tous les moyens possibles d’attenter à la vie de Cicéron. Celui-ci, de son côté, pour se garantir, ne manquait ni de ruse ni d’astuce. Dès le commencement de son consulat, il avait, par le moyen de Fulvie, obtenu, à force de promesses, que Q. Curius, dont je viens de parler, l’instruirait des desseins de Catilina. En outre, en donnant à son collègue C. Antonius l’assurance d’un gouvernement (59), il l’avait déterminé à ne point prendre parti contre la république. Il avait autour de sa personne une escorte d’amis et de clients, qui, sans en avoir l’air, veillaient à sa sûreté. Lorsque le jour des comices fut venu, et que Catilina n’eut réussi ni dans sa demande du consulat ni dans les embûches qu’il avait dressées au Champ-de-Mars contre Cicéron (60), il résolut d’en venir à la guerre ouverte et de tenter les derniers coups, puisque toutes ses manœuvres clandestines avaient tourné à son désavantage et à sa confusion.