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SALLUSTE.

dans la ville de Rome ». Comme à ces traits contre Cicéron (80) il ajoutait d’autres injures, tous les sénateurs l’interrompent par leurs murmures, le traitent d’ennemi public et de parricide. Furieux, il s’écrie : « Puisque, environné d’ennemis, on me pousse vers l’abîme, j’éteindrai sous des ruines l’incendie qu’on me prépare (81) ».

XXXII. À ces mots il sort brusquement du sénat et rentre dans sa maison. Là, il roule mille projets dans son esprit ; considérant que ses entreprises contre le consul sont déjouées, que des gardes protègent la ville contre l’incendie, il juge que ce qu’il y a de mieux à faire est de renforcer son armée et de s’assurer, avant que l’enrôlement des légions soit achevé, de tout ce qui doit servir ses opérations de guerre. Il part donc au milieu de la nuit, et presque sans suite, pour le camp de Mallius ; mais il mande à Cethegus, à Lentulus, et à d’autres conjurés dont il connaissait l’activité et l’audace, d’employer tous les moyens pour fortifier le parti, hâter l’assassinat du consul, disposer le meurtre, l’incendie, et toutes les horreurs de la guerre : pour lui, dans peu de jours, il sera aux portes de la ville avec une grande armée.

XXXIII. Tandis que ces événements se passent à Rome, Mallius prend dans son armée des députés qu’il envoie vers Marcius Rex, avec un message ainsi conçu : « Nous en prenons les dieux et les hommes à témoin, général : ce n’est ni contre la patrie que nous avons pris les armes, ni contre la sûreté de nos concitoyens ; nous voulons seulement garantir nos personnes de l’oppression, nous malheureux, indigents, et qui,