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SALLUSTE.

afin de donner aux députés plus de confiance : ceux-ci lui promettent leur concours ; il les congédie.

XLI. Les Allobroges furent longtemps incertains sur le parti qu’ils devaient prendre. D’un côté leurs dettes, leur penchant pour la guerre, les avantages immenses qu’on espérait de la victoire ; de l’autre la supériorité des forces, des mesures infaillibles, et, pour un espoir très douteux, des récompenses certaines. Après qu’ils eurent ainsi tout pesé, la fortune de la république l’emporta enfin. Ils révèlent donc tout ce qu’ils ont entendu à Q. Fabius Sanga, qui était le principal patron de leur pays. Cicéron, instruit du complot par Sanga (89), ordonne aux députés de feindre le plus grand zèle pour la conjuration, de se mettre en rapport avec le reste des complices, de leur prodiguer les promesses, et de ne rien négliger pour acquérir les preuves les plus évidentes de leur projet.

XLII. Vers ce même temps il y eut des mouvements dans la Gaule citérieure et ultérieure, le Picénum, le Bruttium et l’Apulie. En effet, les émissaires que Catilina avait précédemment envoyés voulant, avec irréflexion et comme par esprit de vertige, tout faire à la fois, tenir des assemblées nocturnes, transporter des armes et des traits, presser, mettre tout en mouvement, causent plus d’alarmes que de danger. Il y en eut un grand nombre que le préteur Q. Metellus Celer, après avoir, en vertu d’un sénatus-consulte, informé contre eux, fit jeter en prison. Semblable mesure fut prise dans la Gaule ultérieure par C. Murena (90), qui gouvernait cette province en qualité de lieutenant.