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CONJURATION DE CATILINA

XLIII. À Rome, Lentulus et les autres chefs de la conjuration, ayant, à ce qu’ils croyaient, des forces suffisantes, avaient décidé qu’aussitôt l’arrivée de Catilina sur le territoire de Fésules L. Bestia (91), tribun du peuple, convoquerait une assemblée pour se plaindre des harangues de Cicéron, et rejeter sur cet estimable consul (92) tout l’odieux d’une guerre si désastreuse. C’était le signal auquel, dès la nuit suivante, la foule des conjurés devait exécuter ce que chacun d’eux avait à faire. Voici, dit-on, comment les rôles étaient distribués : Statilius et Gabinius, avec une nombreuse escorte, devaient dans le même moment mettre le feu à douze endroits convenables dans Rome, afin qu’à la faveur du tumulte l’accès fût plus facile auprès du consul et auprès de ceux que l’on voulait sacrifier ; Cethegus, assaillir la maison de Cicéron, et le poignarder : chacun avait sa victime. Quant aux fils de famille, de la classe noble la plupart, ils devaient tuer leurs pères ; puis, dans le trouble universel causé par le meurtre et l’incendie, tous se faire jour pour joindre Catilina.

Au milieu de ces apprêts et de ces résolutions, Cethegus ne cessait de se plaindre de l’inertie des conjurés : avec leurs hésitations, leurs remises d’un jour à l’autre, ils laissaient échapper les plus belles occasions ; il fallait, dans un si grand péril, agir, et non délibérer ; pour lui, si quelques braves voulaient le seconder, les autres dussent-ils rester endormis, il attaquerait le sénat. Naturellement fougueux, violent, prompt à l’exécution, il ne voyait de succès que dans la célérité.

XLIV. Cependant, d’après les instructions de Cicéron, les Allobroges