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CONJURATION DE CATILINA

Ces deux hommes de guerre disposent leur troupe sans bruit, et, suivant leurs instructions, se rendent secrètement maîtres des abords du pont. À peine Volturcius et les Allobroges y sont-ils arrivés, qu’un cri s’élève des deux côtés en même temps. Les Allobroges, reconnaissant aussitôt de quoi il s’agit, se rendent sans hésiter aux préteurs. Volturcius d’abord exhorte les siens, et, l’épée à la main, se défend contre cette multitude ; mais, dès qu’il se voit abandonné par les députés, il prie instamment Pomptinus, dont il était connu, de le sauver ; enfin, intimidé et ne comptant plus sur la vie, il se rend aux préteurs comme à des ennemis.

XLVI. Cette expédition terminée (96), le consul est instruit de tout par un prompt message. Alors il se sent partagé entre une joie et une inquiétude également vives. S’il se réjouit de voir, par la découverte de la conspiration, Rome arrachée au danger, il se demande avec anxiété ce qu’il doit faire de si éminents citoyens surpris en un si affreux délit. Il prévoit que l’odieux de leur supplice retombera sur lui, et que leur impunité perdra la république. Enfin, raffermissant son âme, il envoie chercher Lentulus, Cethegus, Statilius, Gabinius, ainsi que Q. Céparius de Terracine, qui se disposait à partir pour l’Apulie, afin d’y soulever les esclaves. Tous arrivent sans délai, excepté Céparius, qui, sorti de sa maison un instant auparavant et apprenant que tout était découvert, avait fui de Rome. Le consul, par considération pour la dignité de préteur dont Lentulus est revêtu, le conduit par la main ; il fait amener les autres, sous escorte, dans le temple de la Concorde. Là, il convoque