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SALLUSTE.

le sénat, et en présence d’un grand nombre de ses membres, il fait entrer Volturcius avec les Allobroges (97), et ordonne au préteur Flaccus d’apporter aussi le portefeuille et la lettre que ces ambassadeurs lui avaient remis.

XLVII. Interrogé sur son voyage, sur cette lettre, enfin sur tous ses projets et sur leurs motifs, Volturcius a d’abord recours au mensonge et à la dissimulation ; mais ensuite, sommé de parler, sous la garantie de la foi publique, il dévoile tout ce qui a été fait : « C’est depuis peu de jours seulement que Gabinius et Céparius l’ont fait entrer dans la conjuration ; il ne sait rien de plus que les ambassadeurs ; seulement il a plus d’une fois entendu dire à Gabinius que P. Autronius, Servius Sylla, L. Vargunteius, et bien d’autres encore, étaient dans la conjuration ». Les Allobroges font les mêmes déclarations ; et, Lentulus persistant à nier, ils le confondent, et par sa lettre, et par des propos qu’il avait souvent à la bouche : « Que les livres Sibyllins avaient promis l’empire de Rome à trois Cornélius ; que déjà l’on avait vu Cinna et Sylla ; et qu’il était, lui, le troisième dont la destinée serait d’être le maître de Rome ». Il avait dit encore : « qu’on était dans la vingtième année depuis l’incendie du Capitole ; et que, d’après divers prodiges, les aruspices avaient souvent prédit qu’elle serait ensanglantée par la guerre civile ». La lecture des lettres achevée, chacun des conjurés ayant préalablement reconnu sa signature, le sénat décrète : « que Lentulus abdiquera sa magistrature, et sera remis, avec ses complices, à la garde de citoyens ». On confie donc Lentulus à P. Lentulus Spinther, alors édile (98) ; Cethegus